Becka et Louis
Page d'accueil du site | Recettes |Planeurs T/C |Tir à l'arc

 

 

Les perceptions du chien de la proximité d’un humain
Atelier et démonstrations par Michel Boulianne
15-07-12

Michel Boulianne

Le conférencier-animateur

Michel Boulianne est passionné et s’est impliqué dans le monde du chien de compétition (travail et conformation), depuis près de 40 ans. Il a créé l’élevage de Lescaut en 1977 et il a personnellement fait naître et suivi plus d’une centaine de portées, principalement des Bergers Belges dont bon nombre se retrouvent aux quatre coins du monde. Durant toutes ces années, il s’est attardé à comprendre l’influence des bonnes pratiques d’élevage tant au niveau de la génétique que de l’environnement.

En plus de faire de l’élevage, il enseigne l’obéissance et le pistage de compétition, il anime des ateliers spécialisés et agit comme conférencier depuis plusieurs années. Depuis 6 ans, il offre un service de  consultation pour traiter des problèmes de comportement reposant sur la compréhension de leur origine, sur les recherches en éthologie et sur la communication humain/chien. Enfin, il est diplômé de l’Alliance internationale des intervenants en comportement animal (AIICA) ainsi que de l’Institut Puygrenier (France).

L’atelier

Par une belle journée de juillet, une vingtaine de passionnés de chiens étaient tous yeux et tous oreilles pour Michel et les chiens qui ont participé aux démonstrations en plein air.

Socialisation – désensibilisation

Lors de cet atelier, Michel a fait un bref rappel de l’importance que les chiens soient bien socialisés aux humains. Cette socialisation est à toutes fins terminée lorsqu’on acquière un chien. En effet, la période de socialisation du chien se situe entre 0 et 12 semaines, donc lorsqu’on acquière un chien, habituellement entre 7 et 8 semaines, il  nous reste moins d’un mois pour le socialiser adéquatement aux humains. Pour ce faire, il faut que le chien soit exposé dans un contexte ludique à au moins 8 types d’humains (enfant, adolescents, hommes, femmes, personnes en chaise roulante, béquilles, vieillard, personnes de couleur, grands, gros, etc.) pour que le chien soit bien socialisé à l’espèce humaine.

Passé cette période critique, il est possible de faire en sorte que le chien tolère bien le contact à l’ensemble des différents types d’humains par un processus de désensibilisation. Ce processus s’apparente à un apprivoisement. Il s’agit d’un apprentissage graduel par lequel le chien s’habitue à la présence rapprochée, voire à se faire toucher par des humains. Cependant, il faut savoir qu’un chien qui n’a pas bien été socialisé à l’humain et qui aurait été désensibilisé demeure fragile.

La communication canine

Il est important de savoir que la communication canine est un phénomène qui est très rapide et qu’aucun signe de communication n'a de valeur s'il est considéré tout seul.   Chaque signe doit toujours être évalué en contexte avec tous les autres signes de communication offerts sur le moment.  

De façon générale les chiens ont tendance à s'exprimer de façon assez similaire mais il faut toujours être prudent dans l'interprétation de leurs signaux de communication car il est toujours possible qu’un manque dans les apprentissage ou un apprentissage erroné fasse qu’un chien communique mal au point qu’un signal signifie tout le contraire de ce qu’il signifie habituellement chez les chiens. Ce mauvais signal peut cacher l’annonce d’une de morsure...

Seules l'expérience et la pratique peuvent amener l'humain à comprendre les subtilités de la communication canine.

Approche et évitement

Il s’agit de deux tendances que les chiens possèdent à la naissance mais avant 4 semaines, l’évitement est très faible : les chiots cherchent à se rapprocher des autres êtres, ils n’ont pas peur. Après 4 semaines, la force de l’évitement se développe et l’approche diminue de telle sorte que leurs forces s’équivalent à peu près entre 7 et 8 semaines.

Nous apprenons que le chien réagit beaucoup plus à une personne seule qu’à un groupe. Pendant la démonstration, un chien était attaché à environ 10 mètres de notre groupe d’auditeurs, et le chien n’y prêtait que peu d’attention. Il suffisait qu’un volontaire se détache du groupe pour s’en éloigner, même avec non-chalance pour que le chien y prête attention et conserve cette personne dans son champ perceptuel.

L’importance du regard

Les chiens sont très sensibles au regard. Un regard direct et fixe est perçu comme une menace, une agression. Le simple fait de regarder un chien qui demande de l’attention, par exemple en jappant, peut le renforcer, l’encourager à continuer de japper. Détourner le regard lorsqu’un chien nous regarde est suffisant pour que le chien ait l’impression d’avoir gagné sur nous. Lorsque deux chiens se fixent, le premier qui détourne le regard risque de se faire attaquer. Pour sortir indemne d’une telle situation, les chiens détourneront le regard très lentement et simultanément puis s’éloigneront l’un de l’autre au ralenti.

Lorsque nous soutenons le regard d’un chien inconnu, le simple fait de détourner le regard peut provoquer une attaque.

Aboiements

Michel nous a appris que les chiens aboient seulement pour deux raisons :

Il interprète de la même façon les bruits que nous faisons lorsque nous parlons.

Les séries de 3 ou 4 jappements rapprochée : « yap, yap, yap, … yap, yap, yap, …yap, yap, yap » sont des demandes d’attention.

Le non-verbal

Nos variations de position dans l’axe vertical ont de l’importance pour le chien : se pencher en avant vers le chien le rend inconfortable ; se pencher vers l’arrière l’invite à se rapprocher.  Nous avons tendance à nous pencher en avant lorsque nous voulons que le chien se rapproche, il faudrait faire le contraire.

Notre vitesse de déplacement dans l’approche a aussi son importance. La pire chose à faire à un chien c’est de s’arrêter ; la bonne chose à faire est de demeurer en mouvement souple et continu. Une approche rapide en regardant le chien dans les yeux est perçue comme une agression. Une approche comportant des arrête intermitants, hésitants sera insécurisante pour le chien.

Le jeu

Selon Michel, lancer une balle pour qu’un chien la rapporte n’est pas du jeu pour le chien, Il s’agit d’un des éléments du patron moteur de prédation : la poursuite de la proie. « Jouer » avec un chien à la souque à la corde n’est pas un jeu non plus pour le chien.

Il n’y a pas de fixation du regard dans le jeu. Les rôles changent souvent et il y a de nombreuses pauses.

Leadership

Celui qui fait réagir l’autre est le leader. Ainsi lorsque mon chien aboie et que je le regarde ou lui demande de se taire, je viens de lui confirmer que c’est lui le leader.

 

Louis Cimon
15-07-13