Becka et Louis
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Apprendre à jouer avec un chien :
une alternative à la nourriture et aux jouets

Synthèse d’une conférence de Denise Fenzi

 

J’apprécie particulièrement le type de contact que les English Springer Spaniels de chasse ont avec leurs humains : ils sont intenses, ils frétillent, ils regardent leurs humains dans les yeux et ils semblent demander avec insistance : « Hey boss, qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Dis ? Dis ? »

Depuis des années, j’aurais aimé  avoir  cela dans nos chiens d’arrêt.

Par ailleurs, j’ai commencé à m’intéresser au dressage basé sur la relation (« relationship based training » ) mais malgré le fait que j’aie étudié sur le sujet, je ne comprenais pas comment l’appliquer jusqu’au jour où j’ai écouté une conférence donnée par Denise Fenzi à l’APDT en 2013. Cette conférence intitulée Developping Alternatives to Food and Toys: Personal Play! (http://www.prolibraries.com/apdt/?select=session&sessionID=554) a été une révélation : en appliquant les principes décrits par Fenzi quelques instants à quelques reprises avec ma petite Becka. Transformation ! Magie ! La petite a subitement développé un très grand intérêt pour moi. Depuis ce temps je suis intéressant même si je n’ai pas de balle, de frisbee, d’oiseau ou de nourriture.

 

Qui est Denise Fenzi ?
Denise Fenzi a participé à une grande variété de compétitions canines, que ce soit obéissance, pistage schutzhund, mondioring, herding, conformation et agilité. Ce pourquoi elle est le plus connue, c’est  son travail spectaculaire et précis en obéissance. Elle a notamment obtenu des résultats parfaits en schutzhund et en obéissance de mondioring. Elle est l’auteur de nombreux livres (http://www.thedogathlete.com/collections/books) que je recommande. On y trouve aussi des documents gratuits. (http://www.thedogathlete.com/pages/downloads). Je recommande chaudement Understanding Behavior Chains.

Les documents et Les formations de Fenzi dont j’ai pris connaissance sont très bien structurés, bien expliqués et détaillés.

Ce qu’elle nous décrit dans cette conférence, c’est simplement comment jouer avec son chien. Elle nous apprend à jouer avec le chien tout simplement sans artifice, sans balle ou jouet.

Qu’est-ce que la relation ? C’est ce qui reste lorsqu’il n’y a plus de jouet ou de nourriture. Agréable pour les deux, énergisant. Si le jeu diminue avec le temps, c’est qu’il ne s’agit pas de jeu.

Elle a appris en observant beaucoup les chiens jouer entre eux et elle a mis en pratique ses observations. Elle nous suggère d’observer comment notre chien joue avec d’autres chiens, comment les enfants jouent avec les chiens.

La base est simple : tous les jeux sont basés sur la simulation de prédation, i.e.  faire semblant d’être une proie ou un prédateur ; nous sommes ou une proie ou un prédateur, un lapin ou un coyote.

  • Poursuites
  • Approche (« stalking ») et attaque
  • Lutte
  • Jouer à la tague

L’application est cependant pleine de subtilités, notamment :

  • La meilleure place pour apprendre c’est à la maison, dans un environnement connu et sécuritaire, alors que personne ne regarde
  • Les chiens sont des individus, il faut s’adapter à chacun. Observez ses réactions et ajustez-vous en conséquence
  • Changez fréquemment de rôle : laissez le chien être le prédateur, soyez le lapin
  • Davantage de mouvement et de bruit n’est pas nécessairement mieux. Plus de rudesse n’est pas meilleur. Il faut observer son chien et s’ajuster en fonction de ses réactions
  • Relaxez, c’est un jeu ; c’est supposé être agréable pour les deux
  • Filmez vos jeux sinon, c’est très difficile d’apprendre
  • Prenez très fréquemment des pauses, les pauses sont normales dans le jeu canin, les chiens jouent une minute puis prennent une pause. Au besoin réglez un chronomètre à une minute
  • Les chiens aiment s’imiter : un chien se secoue, l’autre se secoue. Un chien va renifler quelque chose, l’autre va renifler.

 

Signaux d’apaisement

 

Mouvement

  • Il faut utiliser très peu de pression frontale, peu de chiens la tolèrent. Apprenez à changer de direction en vous éloignant, à faire des cercles, des courbes
  • Utilisez le mouvement, habituellement en vous éloignant du chien
  • Vertical (si c’est acceptable que votre chien mette ses pattes sur vous) puis vous vous sauvez pour l’encourager
  • Rapide : vous êtes la proie, le lièvre
  • Lent : vous êtes le prédateur
  • Vers  le chien : augmente la pression
  • En s’éloignant du chien : diminue la pression
  • De face ou non
  • Continu ou saccadé
  • Continu, doux, cela a un effet calmant sur le chien
  • Courir avec son maître est agréable pour le chien
  • Selon Fenzi, ce n’est pas une bonne idée de poursuivre son chien car cela nuirait aux rappels
  • Les enfants sont des maîtres dans les jeux de poursuite lorsqu’ils jouent avec des chiens. Ils font peu de bruit, ils font des mouvements saccadés, erratiques, ils s’ajustent au niveau d’énergie du chien.  On peut difficilement jouer comme les enfants le font sans risquer se blesser.

 

Niveau d’énergie
Il faut s’ajuster au niveau d’énergie du chien. Sur une échelle de 0 à 10, augmentez ou diminuez de 1 selon le cas. Si le chien est au niveau 1 il ne faut pas être au niveau 9, c’est trop pour lui, c’est intimidant pour lui;  si vous voulez augmenter le niveau soyez plutôt au niveau 2. Si le chien est au niveau 10 et que c’est trop pour vous, jouez au niveau 9 et descendez graduellement à votre niveau de confort. Le niveau d’énergie doit être confortable pour vous deux.

 

Contact physique

  • Avec ou sans contact physique.
  • Poussées et opposition : la sollicitation du réflexe d’opposition est très appréciée de la plupart des chiens (90% des chiens ont un réflexe d’opposition).
  • Certains chiens n’aiment pas le contact physique (ils mordent, montrent des signes de stress, émettent des signaux d’apaisement).
  • Surveillez la réaction du chien. Si lorsque vous le poussez de façon ludique le chien vous approche de côté, réduisez la pression frontale.
  • Contact calmant : soyez prévisible, caressez, faites des câlins. De la tête à la queue, flattez, massez, grattez.
  • Contact excitant : imprévisible ; la lutte augmente l’excitation.

 

Pression

  • Signaux d’apaisement, évitement : donnez une pause au chien.
  • Si vous établissez un contact visuel, assurez-vous que tout votre être exprime du calme et de la douceur autrement le chien le perçoit comme de l’agression.
  • Si vous fixez le chien du regard (« stare »), parlez-lui avec douceur.
  • Contact visuel et immobilité : très très menaçant pour un chien (un  enfant de 3 ans risquerait de se faire mordre au visage).
  • Si vous grognez ou faites des sifflements (« hissing »), vous devez réduire la pression

 

Bruits

  • Les chiens adultes préfèrent plus de bruit et moins d’action.
  • Les types de bruits :
  • Appris : « Je vais t’attraper… ».
  • Innés : les sons naturels des proies, de petits sons aigus .
  • On peut encourager verbalement. Les petits sons aigus sont à préférer. Taper dans les mains est encourageant pour la plupart des chiens.
  • Sons sifflants (« Hissing predatory sounds ») : préparez-vous à vous sauver en courant.

 

Avec des chiens timides elle suggère de:

  • Mettre très peu de pression.
  • Bouger davantage en vous éloignant.
  • Faire plus d’encouragements.
  • Avoir une posture ouverte.
  • Laisser de l’espace que le chien peut occuper.
  • Taper dans vos mains.
  • Faire de petits cris de haute fréquence.
  • Prendre le rôle du lapin si on fait une approche qui pourrait être menaçante pour le chien. Par exemple si vous voulez encourager un mouvement vertical, à l’instant où le chien répond, sauvez vous, devenez la proie, sauvez vous, faites de petits sons aigus.

 

Avec les chiens durs elle suggère de :

  • Mettre plus de pression.
  • Faire moins de mouvements en s’éloignant.
  • Faire beaucoup moins de mouvements.
  • Maintenir sa concentration vers vos mains s’il se dirige vers votre visage (ce qu’ils font naturellement entre eux).
  • Prendre des postures fermées.
  • Pousser davantage,  donner moins de caresses.
  • Lui faire tenir une balle ou un jouet s’il a tendance à mordre et que ça ne vous  convient pas. S’il échappe la balle, laissez-le la reprendre lui-même en l’y incitant. Les chiens de travail ont davantage tendance à mordre et à mâchonner.
  • Lui apprendre un comportement par défaut  s’il a un comportement dangereux. Apprenez-lui un comportement alternatif incompatible avec le comportement non souhaitable. Par exemple, pour un chien qui a tendance à mordre, faites-lui tenir une balle.

 

Avec les chiens trop sérieux pour jouer (ex : border collies), elle suggère de :

  • Jouer comme si c’était un concours, laissez le chien gagner souvent.
  • Utiliser des comportements appris que vous n’avez pas besoin de renforcer. Si vous devez les renforcer, ce n’est pas un jeu.
  • Observer ce que le chien aime, son langage corporel, est-ce qu’il vous accorde de l’attention ? Apprenez quels jeux votre chien aime.
  • Faire comme si vous ne voyez pas votre chien : « Où est Becka ? ».

Après le jeu, elle suggère d’amener le chien à soi et le tenir passablement serré (à la façon d’un Thundershirt (http://www.thundershirt.com). Massez-le calmement, flattez-le doucement.

L’utilisation de la vidéo permet de voir des choses dont on n’a pas conscience pendant qu’on travaille avec le chien et d’améliorer notre comportement.

Enfin, comme dans tout entrainement, il faut pratiquer dans divers environnements comportant graduellement de plus en plus de distractions afin que notre chien s’y habitue et généralise, qu’il produise les comportements souhaités.

Je vous invite à consulter le livre de Djanick Michaud, Le chien rapporteur de A à Z (http://www.rapporteuraz.com) et le DVD qui l’accompagne. C’est instructif de voir comment Djanick joue avec ses chiots. Voir aussi le Résumé de l'atelier de Djanick Michaud, 1er mars 2015, Éducation positive du chien : du chien de chasse au chien de famille (http://www.louiscimon.com/Chiens/articles/djanick.html)

 

Louis Cimon
17-02-21